Visites privées

En Corse, une villa brutaliste des années 1960 sur la plage

Cette maison de vacances a été sublimée par Chloé Nègre. Sculpturale, elle offre une fenêtre époustouflante sur la mer et le maquis qui l’entourent.
en corse une villa avec vue sur mer et grandes baies vitres
Photographie : Aurélien Chauvaud / Réalisation et stylisme : Sarah de Beaumont

En Corse, une villa vintage en bord de mer

Le salon cultive l’esprit sixties avec deux canapés Togo vert bronze (Ligne Roset), un fauteuil en osier tressé vintage, une table basse de Roger Capron et un vase de Vallauris des années 1960.

Photographie : Aurélien Chauvaud / Réalisation et stylisme : Sarah de Beaumont

Au bout d’un chemin, on aperçoit un bloc de béton blanc sans ouverture. Imposant et solaire, il évoque les villas floridiennes des années 1960. Pourtant, nous sommes au sud de la Corse, à quelques mètres d’une plage paradisiaque. Emblématique dans le quartier, cette masse brutaliste se transforme en fenêtre sur la mer lorsque l’on y pénètre... et la magie opère. C’est cette contradiction entre volume et légèreté qui a séduit Chloé Nègre au premier coup d’œil. Attachée à la Corse méridionale, où elle a « passé toutes [s]es vacances étant petite, chez [s]es grands-parents », l’architecte d’intérieur a œuvré à rendre à cette construction délicieusement sixties ses lettres de noblesse, pour en faire la maison de vacances rêvée des propriétaires.

L’entrée de la maison se fait par ce bloc massif et sculptural, qui révèle, à l’intérieur, une incroyable ouverture sur la mer.

Photographie : Aurélien Chauvaud / Réalisation et stylisme : Sarah de Beaumont

Un important travail de paysagisme a été mené dans le jardin, dans le respect de l’environnement naturel.

Photographie : Aurélien Chauvaud / Réalisation et stylisme : Sarah de Beaumont

« Quand on entre, on découvre l’ouverture extraordinaire sur la mer. C’est une expérience sensorielle, il y règne un rapport singulier au paysage corse dans cette villa », décrit Chloé Nègre. En effet, l’intérieur et l’extérieur communiquent sans barrière dans cet espace complexe dont l’architecte d’intérieur a voulu conserver l’authenticité, à commencer par son arête murale de pierre sèche typique de la montagne corse, que l’on retrouve dehors comme dedans. « Comme tout est ouvert, on a favorisé autant que possible un cadrage vers la nature. » Les extérieurs ont ainsi été revus pour valoriser le paysage, « sans jamais prendre le pas dessus », explique Chloé Nègre, qui a privilégié des matériaux naturels comme la pierre porphyre qui pave la terrasse. Le mobilier a été pensé dans le même langage épuré, en privilégiant des couleurs brutes, à l’image des canapés Togo de Michel Ducaroy ou du mobilier d’extérieur des frères Bouroullec, dont le vert rappelle la végétation alentour.

Ex-fan des sixties

Au-dessus du canapé Togo, une étagère Zig-Zag de Joëlle Ferlande et François Monnet pour Kappa/Uginox (1971) accueille un vase de Vallauris.

Photographie : Aurélien Chauvaud / Réalisation et stylisme : Sarah de Beaumont

La structure en béton repose sur une arête en pierre sèche, conférant un charme irrésistible à la villa.

Photographie : Aurélien Chauvaud / Réalisation et stylisme : Sarah de Beaumont

« Ce qui est très beau dans cette maison, c’est le contraste entre les lignes du béton rectilignes et les pans de mur en pierre beaucoup plus traditionnels », poursuit l’architecte d’intérieur, qui a revu l’ensemble de la circulation dans une élégance qui laisse toute sa place au bâti d’origine. Un défi pour une maison restée « dans son jus », à honorer tout en apportant le confort nécessaire à la vie d’aujourd’hui, à l’image du chauffage dissimulé dans le sol, entièrement reconstitué sur le modèle du marbre d’origine. « La décoration s’est faite dans le respect de l’identité de la maison, tout en finesse », précise Chloé Nègre. C’est donc à l’aide de détails comme les poignées, les finitions de la salle de bains ou quelques éléments de design, qu’elle a discrètement cultivé l’esthétique des années 1960 : l’iconique Togo, quelques pièces en rotin...

Un diamant brut

Cette chambre pop, ode aux années 1960, présente un dressing et une tête de lit en rotin, tous deux dessinés sur mesure (Studio Chloé Nègre), avec un tissu Reflex par Raf Simons (Kvadrat).

Photographie : Aurélien Chauvaud / Réalisation et stylisme : Sarah de Beaumont

La salle de bains, inondée de lumière, fait la part belle aux pièces vintage comme l’applique et le tabouret. Miroir Zodiac (Moustache).

Photographie : Aurélien Chauvaud / Réalisation et stylisme : Sarah de Beaumont

Dans les chambres, l’architecte d’intérieur a osé des références plus marquées, à l’instar de la chambre jaune pop et sa grande tête de lit ronde, qui transporte plus explicitement vers l’époque de construction de la maison. En définitive, cette maison est, comme le décrit Chloé Nègre, « un numéro d’équilibriste », à la croisée entre le respect de l’existant, le luxe discret et la vénération de la nature. Toujours en subtilité, elle s’est autorisée à lambrisser le plafond du salon pour apporter de la chaleur et rappeler le paysage. Mais pas question de toucher à la façade extérieure : l’enduit en béton blanc a été travaillé comme à l’époque, épais et texturé, afin de conserver entier le charme de la maison, celui-là même qui a opéré lors du coup de foudre. « C’est un diamant brut », résume Chloé Nègre.

La terrasse en porphyre invite à la contemplation du paysage. Les chaises longues Palissade sont de Ronan et Erwan Bouroullec (HAY).

Photographie : Aurélien Chauvaud / Réalisation et stylisme : Sarah de Beaumont

Le sol de la maison est entièrement revêtu de marbre. Au mur, une tapisserie des années 1960 réchauffe l’atmosphère.

Photographie : Aurélien Chauvaud / Réalisation et stylisme : Sarah de Beaumont

L'escalier a été refait à l’identique. Au-dessus, une lampe Glob Mod Kattala par Friedel Wauer (Goldkant, années 1960).

Photographie : Aurélien Chauvaud / Réalisation et stylisme : Sarah de Beaumont