La plupart des romans d’amour à l’eau de rose s’articulent autour d’un couple, généralement formé d’un personnage masculin de sauveur et d’une héroïne fragile. Mais rien de tout cela dans la troisième saison de la Chronique des Bridgerton : Penelope Featherington, incarnée par la brillante Nicola Coughlan, ne cherche aucunement un héros, comme l’apprend Colin Bridgerton, le personnage joué par Luke Newton, au cours des premiers jours ombrageux de leur mariage. « Son éducation au sein de la famille Bridgerton, et l’absence de figure paternelle depuis un certain nombre d’années, tout ça a produit chez lui une conception différente, étrange même, quant au rôle de l’homme au sein d’une famille, nous explique Luke Newton, au cours du podcast Vanity Fair consacré aux séries, Still Watching. Sa rencontre avec Penelope lui permet de remettre ses idées en place. Il apprend que sa présence, son soutien suffisent, qu’il n’a pas besoin de la protéger ou de la sauver. C’est une femme forte et indépendante. Elle a déjà fait face aux pressions de la société londonienne de son époque, et c‘est une femme qui a un grand succès. »
Dans les quatre derniers épisodes de la troisième saison, Colin découvre que sa future épouse est également celle qui se cache sous l’identité de Lady Whistledown, celle-là même qu'il s’était juré de détruire, mais ils finissent tout de même par se marier et, après une période assez mouvementée, ils trouvent tous deux leurs marques dans cette relation. « La vérité, c’est que je vous ai enviée », dit Colin à Pénélope peu après qu'elle se soit démasquée devant tout le monde, « et maintenant, je n’en reviens tout simplement pas d’être aimé par une femme aussi courageuse. Si mon seul but dans la vie est d’aimer une femme aussi formidable que vous, alors je serais un homme très comblé. »
Luke Newton explique que Nicola Coughlan et lui ont visionné cette scène ensemble au cours de leur tournée promotionnelle mondiale : « C’était très émouvant, parce que c'est le moment où Colin se rend compte de qui elle est vraiment. Elle a compartimenté les deux univers, alors que les deux facettes de sa personnalité, une fois unies, font d’elle une personne vraiment extraordinaire, parfaite pour lui. C’est une très belle conclusion. »
Ci-dessous, Luke Newton nous raconte les dessous de la saison 3 : son final très attendu, comment Luke se débarrasse de son complexe de sauveur, et ses espoirs pour la quatrième saison de La Chronique des Bridgerton.
En quatre épisodes seulement, Colin découvre la véritable identité de Lady Whistledown, il se marie, il a un enfant et publie un roman. Quelle a été votre réaction quand vous avez découvert le scénario de la deuxième moitié de la saison ?
Luke Newton. Quand on atteignait la fin de la première partie, j’étais heureux de voir que Colin était fiancé, heureux, qu’il espérait vivre tranquille jusqu’à la fin de ses jours. Évidemment, il y avait toujours le secret de l’identité de Whistledown en toile de fond, mais j'espérais que nous aurions un moment de répit. Mais le calme est de courte durée en fait, car il commence immédiatement à sentir que quelque chose cloche.
J’ai adoré me plonger dans son vécu. Tout au long de la série, il est torturé, dès le début quand il voit Penelope de loin, qui a de nombreux prétendants. Plus loin dans l’intrigue, ça se joue plus en profondeur, ce qui est plus difficile à représenter, car il faut rester cohérent vis-à-vis de la façon dont Colin a été présenté dans les deux premières saisons. Il faut se plonger dans sa part d’ombre.
Dans les nouveaux épisodes, la complicité physique de Colin et Penelope arrive assez vite après la scène de la calèche. Comment avez-vous abordé la scène de sexe qui joue un rôle majeur dans l’intrigue ?
Nous avons eu de nombreuses conversations avec toute l’équipe. Nous avons commencé par une conversation avec le coordinateur d’intimité, Nicola et moi, et nous avons discuté de ce qui était écrit dans le scénario, et de la manière dont nous voulions donner vie à cette scène, de ce qui nous semblait correspondre à cette histoire d’amour.
Nous nous sommes tous deux donnés à 100 % dans cette saison. On y est allé sans regret. La question du consentement est au cœur de la scène et Colin est une personne sensible et pleine d’empathie dans ces moments. Il est très protecteur, et c’est ce souci de l’autre qui ressort à l’image. Ce qui est beau, c’est que le résultat reste sexy. Ils ne déchirent pas leurs vêtements, mais c’est torride, c’est une excitation empreinte de tendresse.
Nous avons déjà eu des scènes intimes avant celle-ci. Celle de la calèche, la scène du baiser et une séquence dans un rêve. Mais c’est la première fois que les personnages sont mis à nu. Jusque-là ils jouent encore un rôle l’un vis-à-vis de l’autre, mais pour la première fois, ils sont honnêtes, c’était nécessaire pour leur relation, ça leur fait franchir un cap.
Plus trivialement, pendant la campagne promo, vous avez tous les deux raconté qu’un meuble avait été cassé, sans en dire plus. Pouvez-vous nous dire de quel meuble il s'agit ?
Je peux le dire. Donc, nous sommes sur une méridienne. C’est pendant le tournage de la scène du miroir. Le réalisateur vient nous voir, et nous dit qu’il pense qu’on a tout ce qu’il faut, mais qu’on peut essayer, pour cette prise, d’y aller un peu à fond. Au bout de 20 secondes un pied du divan s'est cassé.
On a tous les deux explosé de rire. Nicola a poussé un cri. J’espérais que ça se verrait dans la scène, et c’est le cas. On rit à la fin, c’est très drôle, et ça fonctionne bien avec leur relation. Je crois que Nicola a fait une photo, j’imagine que ça se retrouvera sur les réseaux sociaux à un moment ou à un autre. Ils ont calé le canapé avec une cagette je crois, en espérant que ça tienne. Ces moments, ça fait tout le sel des jours de tournage.
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Je me souviens que la première fois que je me suis mis en sous-vêtements pour la scène de sexe, c’était assez inhabituel. Les sous-vêtements masculins de l’époque, c’est assez étrange, c’est juste une sorte de sac autour des hanches. J’étais en robe de chambre, c’était juste avant de tourner la scène où Colin se déshabille, et j’ai tenu à prévenir Nicola. « Il faut que tu voies ça avant qu’on tourne, sinon tu vas te piquer un fou rire. » On a pu en parler avec légèreté, c’était bien. Le tournage a pris trois jours. Le dernier jour, on avait plus aucun problème, on était à l'aise dans le studio.
La légèreté de ce moment met du baume au cœur, surtout vu la situation un peu tendue entre Colin et Penelope après qu’elle révèle son identité de Lady Whistledown. Vous avez raconté que dans le script, cette révélation était accueillie par une réaction de colère plus extériorisée que ce que vous avez finalement joué à l’écran, car cela avait provoqué une émotion différente chez vous. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C'était un tournage de nuit. C'était la première fois que j'allais dans ce studio, qui se situe dans les quartiers ouvriers de Londres. Nous sommes arrivés sur le plateau ce jour-là et nous avons commencé à tourner, et j'ai commencé à réfléchir non seulement à cette saison et à l’histoire entre ces deux personnages, à la façon dont cela allait changer leur relation, mais aussi aux saisons précédentes et à la façon dont le personnage de Whistledown avait affecté toutes les personnes autour de lui, et toutes les personnes qu’il protège. Je me suis donc rendu compte que les enjeux étaient beaucoup plus importants que je ne l'avais prévu, et ça a changé mon ressenti émotionnel de la scène.
On arrivait au terme d’un tournage long de dix mois, et tout est remonté à la surface. Je me suis effondré, et la scène a été bouclée en une seule prise. C'était celle qui me paraissait la plus juste. Tom Verica, notre merveilleux producteur et réalisateur, est venu me voir et m'a dit : « Est-ce qu'on peut la refaire comme ça ? » Mais moi, j’étais en larmes, et je lui ai dit que ça n’allait pas se calmer tout de suite. Il y a un bon équilibre dans l'écriture : il est blessé et en colère, mais il redevient aussi un enfant l’espace d’un instant, il revoit des scènes qui l’ont blessé. C‘est une personne très empathique avec ceux qui l’entourent. Ce scandale, ça l’a touché personnellement, mais ça a aussi affecté beaucoup de ses proches.
Comment avez-vous abordé le mariage, le couple de Colin et Penelope étant assez troublé par les révélations ?
Ce n’était pas facile, parce que je voulais que ça reflète ce qui s’était passé entre eux, tout en ayant conscience qu’ils sont encore très jeunes, et qu’ils vont encore grandir. En tant que personne de 31 ans, j’aurais certainement dit « non merci ». Mais Colin est beaucoup plus jeune que moi, et ce sont deux romantiques. À ce stade, il s’est rendu compte que l’affection qu’il avait toujours éprouvée pour elle était de l’amour. Que c’est la femme faite pour lui. Ils savent tous les deux que ça va s’arranger. Ces deux personnages que l’on n’imaginerait pas eu premier plan d’une série ont finalement droit à leur mariage, et c’est un moment très beau.
Il y a un saut dans le temps à la fin de la saison : on voit Colin et Penelope devenir parents, tout en ayant chacun publié de nouveaux livres. Quel impact cela aura-t-il sur la suite de la quatrième saison?
J'aime toujours les sauts dans le temps. En fait, nous pensions qu'il y en aurait un au début de la saison, parce que dans le roman de Julia Quinn sur lequel cette saison est basée, Colin et Penelope sont tous les deux légèrement plus âgés. Nous voulons faire cette série pendant encore de nombreuses années, donc nous étions très contents qu’ils n’aient pas été vieillis dès le début. Le saut à la fin est parfait : ils ont un enfant et héritent du titre. Penelope a toujours eu l’impression d’être délaissée au privilège de ses sœurs, mais là, c’est fini. La boucle est bouclée. Je pense que c'est une belle fin.
Nicola et moi avons parlé des thèmes explorés cette saison et ce que nous espérons voir se développer dans les prochaines saisons, c’est l’élément de comédie romantique entre eux. Nicola est une actrice comique hors pair, alors j‘espère pouvoir avoir la chance de travailler sur ce genre de scènes les prochaines saisons.
Cette interview a été éditée et condensée pour plus de clarté.